La commune du Carbet est à nouveau en émoi. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la seule pharmacie de la commune a été totalement détruite par un incendie, tout comme deux bâtiments administratifs. Les habitants et le maire de la commune sont sous le choc.
Il a été réveillé en pleine nuit. À minuit, Willy Hilaricus apprend que sa pharmacie, située dans le micro-centre du Carbet, est en flammes. Une heure et demie plus tard, il constate les dégâts par lui-même. « Tout est en cendres, tout a été détruit », dit-il dans un soupir.
Le feu, parti de deux bâtiments communaux - le local sport-santé et le micro-marché - s'est rapidement propagé à l'officine. Des 100 m², il ne reste plus rien !
Installée depuis 2016 dans la commune, la pharmacie permettait non seulement aux Carbétiens d'avoir accès à leurs médicaments, mais aussi à ceux des villes voisines. « Nous avons des patients qui viennent du Morne-Vert et tous les gens de passage du Nord Caraïbe », explique Willy Hilaricus. Dans cette officine, tout le monde se connaît. « Au fil des années, nous avons tissé un vrai lien avec les patients. » Alors, très tôt vendredi matin, avant même le lever du soleil, ils étaient là, aux côtés du pharmacien.
« Les patients viennent me voir, certains en pleurs me serrent dans leurs bras, d'autres passent en voiture et me témoignent leur soutien. Ça fait chaud au cœur », confie Willy Hilaricus.
Sur toutes les lèvres, la même question : « Pourquoi ? »
Pourquoi s'en prendre à une pharmacie ? Des questions qui restent toujours sans réponse. Pour Willy Hilaricus, l'objectif est désormais de rouvrir au plus vite. « Aujourd'hui, j'ai la tête dans le guidon. Je suis dans les démarches administratives, assurances, dépôt de plainte. Mais j'ai six salariés et des patients qui ont besoin de leurs médicaments, donc je dois en priorité trouver un local de transition, acheter du mobilier et du matériel informatique. Pour les médicaments, les grossistes m'ont déjà assuré de leur soutien, donc il ne devrait pas y avoir de souci », explique-t-il.
« Nous sommes sidérés ! »
Cet incendie laisse la population complètement abasourdie, tout comme le maire de la commune, Jean-Claude Écanvil
« Nous sommes véritablement sidérés, c'est une incompréhension totale. Comment arrive-t-on à brûler un local, une pharmacie ? Comment arrive-t-on à brûler un marché ? Nous ne comprenons pas, nous ne comprenons rien du tout », explique-t-il, désabusé. Et d'ajouter : « Nous sommes dans le même camp. Nous nous battons contre la vie chère, nous nous battons pour que notre population soit respectée, et nous nous trouvons face à des irresponsables qui mettent le feu partout ! »
Dans la commune, les habitants, très choqués, tiennent à se rendre sur les lieux, comme une sorte d'hommage. « Ils viennent voir comment leur jeunesse a été saccagée par, disons-le, des criminels ! »
Ce micro-centre, composé de bureaux et de petits commerces, fait partie intégrante du patrimoine des Carbétiens.
Créé alors que le maire lui-même n'était qu'un enfant, le micro-marché a grandi avec cette population, qui y est, aujourd'hui encore, très attachée.
Ce triste spectacle, les manifestations du milieu de semaine et les incendies qui ont suivi, est d'autant plus surprenant qu'il secoue une ville traditionnellement paisible, comme le répète Jean-Claude Écanvil. «
Nous avons une commune conviviale, familiale. Une commune où nous n'avons pas de tourisme sauvage. Une commune où les habitants se connaissent. Ceux qui vont à la pêche rencontrent ceux qui font de l'agriculture. Nous avons une commune qui dialogue, qui est ouverte, ouverte aux autres aussi ! »
Ce dialogue est absolument capital pour le maire, qui rappelle que ce sont ces discussions qu'il faut à tout prix rétablir avec les manifestants. Un message qu'il adresse avant tout au préfet de la Martinique, Jean-Christophe Bouvier. « Il faut que le préfet comprenne qu'on est dans le dialogue ici en Martinique. Nous ne sommes pas dans un rapport de force et il ne faut pas qu'ils nous mettent dos au mur comme il l'a fait », insiste Jean-Claude Écanvil qui regrette que sa commune ait été le détonateur de ce déchaînement de violence, alors qu'il avait lui-même joué un rôle de pacificateur.
Malgré tout, l'esprit reste à l'optimisme pour le chef de la commune, qui se dit prêt à se retrousser les manches et à se relever. « Nous avons le courage. Avec les élus et la population, nous repartirons. Nous avons du sang dans les veines, nous repartirons », conclut Jean-Claude Écanvil
Par solidarité pour la seule pharmacie du Carbet et celles qui ont été vandalisées, toutes les officines de Martinique ont baissé le rideau pendant une heure vendredi, de 10 h à 11 h.
Après l'incendie de la pharmacie, la solidarité s'organise
Les habitants du Carbet cherchent des solutions après l'incendie qui a détruit leur pharmacie. Une cagnotte en ligne a été lancée pour soutenir le propriétaire. La municipalité et le centre communal d'action sociale sont également mobilisés.
Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, stupeur au Carbet, la seule pharmacie de la commune a été ravagée par les flammes. Malgré l'intervention des pompiers, les riverains ont assisté impuissants à l'incendie. Dès le lendemain du drame, le maire Jean-Claude Ecanvil a pris l'attache de ses collaborateurs tant politiques, techniques qu'administratifs, pour trouver une solution rapide.
L'idée de mettre en place temporairement, un mobil-home, a été évoquée. Certains espaces sont à l'étude. « Il s'agit de faire vite, mais de ne pas non plus se précipiter. Depuis jeudi soir les échanges sont nombreux », indique Gérard Monstin, adjoint au maire et président délégué du CCAS. « Tout le monde souhaite que pour les fêtes de fin d'année les portes d'une pharmacie au Carbet ouvrent à nouveau.
En ce qui concerne le centre communal d'action sociale, une ligne est ouverte pour informer les personnes qui ont des difficultés pour se déplacer. Nous travaillons en collaboration avec tous les professionnels de santé et du social, infirmiers libéraux notamment, qui pourront nous signaler les personnes les plus vulnérables qui ont besoin de médicaments. Le maire propose de mettre, à des heures précises, une voiture à disposition des pharmacies de Bellefontaine ou de Saint-Pierre, en cas de difficultés pour les livraisons de médicaments à domicile. »
La maison sport santé et le micro-centre également détruits
Cet incendie a suscité beaucoup d'émotion dans la commune. Plusieurs emplois ont été touchés. « Du personnel qui voit leur vie basculer en un rien de temps. La population du Carbet, mais aussi celles du Morne-Vert et des communes avoisinantes, avaient pris leurs habitudes auprès de cette pharmacie », souligne Gérard Monstin. « Toutes les personnes rencontrées témoignent d'un personnel très à l'écoute, d'un espace très accueillant.
Certaines personnes ont pleuré à l'annonce de cette destruction, quand elles sont venues sur place et jusqu'à aujourd'hui, les visages sont tristes ». Un grand nombre de Carbétiens et pas que, sont venus témoigner de leur soutien au propriétaire de la pharmacie, à son personnel, ainsi qu'aux occupants de la maison sport-santé et aux six entrepreneurs qui occupaient le micro-centre artisanal d'où le feu est parti.
Pour l'une des professionnelles du micro-centre, la perte de sa marchandise s'élèverait à plus de 10 000 euros. Peu de temps après le désastre, la population et les commerçants se sont également rapidement mobilisés. «
Nous avons vu tout de suite sur les réseaux sociaux, le lancement d'une cagnotte en ligne pour la reconstruction de la pharmacie, ainsi que pour la maison sport santé et le micro-centre. Les commerçants sont très soudés entre eux au Carbet et ont apporté leur soutien aux sinistrés », poursuit l'élu. « Chacun a très envie d'apporter sa pierre pour que la pharmacie soit réinstallée au plus vite, dans la ville du Carbet
Suite à l'incendie subi par la pharmacie du Carbet, le maire met à la disposition des publics en difficulté de déplacement, un point d'information au CCAS au 0596.78.08.88. de 8h à 11h.